samedi 18 avril 2020

J33 - Paris qui dort

Paris qui dort | Philharmonie de Paris
"Flexion / extension ! Et dites trente-trois !"

Après l'apéro du vendredi, thème pizza en pyjmoissa, avec l'Homme on s'est payé un film assez récent (1923). J't'en cause dans l'appareil parce que Paris qui dort est un muet très raccord avec notre confinement à toi et moi, mon chou.

Figure-toi qu'un matin, le gardien de nuit de la Tour Eiffel n'est pas relevé de ses fonctions. Il poireaute. Fais chier, René, toujours à la bourre !

Quand notre gardien abandonné se décide à faire un peu d'abdos fessiers en descendant la Tour par les escaliers, il se rend compte que Paris s'est arrêtée. Les gens sont figés et toute l'économie est stoppée.
Et pas un seul premier ministre à avoir prévenu deux heures avant pour que les restaus puissent anticiper par rapport à leurs denrées périssables et les commandes de stock ! Pas un seul cri de liesse à l'heure fatidique pour célébrer la fin des bars cafés discothèques ! Personne pour se précipiter gare Montparnasse !

Alors notre gardien comprend qu'il doit se mettre au chômage partiel. Il est plutôt content à vrai dire. Il a pas l'air préoccupé par la situation. En même temps, il a pas maté les infos sur Internet donc il sait pas s'il y a un virus à cause d'un mec qu'aurait gobé une mouche tsé-tsé ou un savant fou qui a voulu neutraliser le monde. (je te spoile, c'est le savant fou.) La crise financière ça l'inquiète pas tant que ça, y aura toujours des abrutis qui feront deux heures de queue pour monter dans un ascenseur.

En chemin il rencontre quatre hommes et une femme, eux-mêmes rescapés de l'épidémie. Tout comme notre gardien, ils se trouvaient dans les airs à 3 h 25 ; ce qui les a sauvés.
Effectivement, tandis que notre gardien assumait son job tout en haut de la Tour Eiffel, eux étaient dans un avion en provenance de Marseille.

Les six comparses vont, pour se ravitailler, squatter au Fouquet's ou au McDo, on sait pas mais à vue de nez ça paraît être plus le Fouquet's, où ils boivent comme des trous et dépouillent les autres protagonistes endormis. Et hop, un petit trois rangs et un vison argenté pour la dame et hop, des billets de mille balles ! Dans la gêne, y a pas de plaisir.

Bon, va falloir songer à se confiner ! Ils ont largement dépassé le cadre de leurs attestations !!! Heureusement que le poulet qui fait partie de la bande n'est pas trop regardant sur les larcins perpétrés et les règles à respecter...

- On va pas se calfeutrer au Plaza Athénée ! Y a qu'une courette de mes deux, pas de jardin. Moi j'ai besoin de pouvoir respirer dit le gardien de la Tour Eiffel. Venez, je vous invite, on va squatter des barres de fer à 250 mètres de hauteur, on va bien se marrer. Pour se laver, on ira se baigner vite fait dans le bassin du Troca.
- Et pour popo, on fera comment ?
- Vous imiterez les paresseux en descendant à terre une fois par semaine.

Donc ils vont faire les cons comme Sylvain Tesson en grimpant partout sur la Tour Eiffel. Mais eux, ils se cassent pas la tronche. Niveau cascades, ils assurent façon Belmondo.

Au bout de pas trop longtemps, ils se font suer grave de chez grave. C'est pas trop délire ce confinement au final.
La meuf elle égrène ses colliers de perle et le gardien il jette tous ses biftons dans le vide en soupirant. Les parures c'est fait pour pavoiser en société et le fric pour être dépensé.
Or ils peuvent rien en faire de leurs signes extérieurs de richesse (volée). Ils ont paumé leur carte bleue en plus ; ils peuvent rien commander sur Amazon...

- Qu'est-ce qu'on s'emmerde... dit le gardien.
- Si on niquait ? l'interroge la fille. Ça passerait le temps. J'ai un préservatif sur moi, un manix orgazmax plus, avec une texture maxi perlée.

La conversation ne tombe pas dans les oreilles de sourds. Un unique préservatif pour cinq. Ça va être chaud patate. Ils sont devenus pro recyclage et s'essuient le fion avec des feuilles de platane mais y a des limites !

Du coup tous nos amis se foutent sur la gueule dans un somptueux copainticide - qu'heureusement personne n'est blessé dans la bataille - jusqu'à ce que la radio de la Tour Eiffel émette un signal à la voix féminine. Y a quelqu'un dans une rue de la Capitale qui peut aussi bouffer, boire et baiser (Youpi !) et leur donne rendez-vous dans une rue dont j'ai pas retenu le nom à la con.  Go go go !

- Je coche quelle case sur l'attestation ? fait la gonzesse.
- On s'en balek. T'es une rebelle oui ou merde ?
- Ah ben ouais, t'as raison.

Une fois parvenus dans la rue non précitée, ils délivrent la nièce et assistante d'un savant fou (celui dont je t'ai parlé au début) qui a réalisé une machine infernale avec des ampoules et un joystick du dernier cri pour ce que tu sais. Ah le bouffon !

Les hommes oublient complètement leur érection Rocco Siffredi en voyant l'assistante (elle est pas trop sexy avec sa jupe Couvent des Ursulines mais c'est pas un boudin non plus, faut pas exagérer) et préfèrent faire cesser les activités illégales et arbitraires du savant fou. Peut-être qu'ils ont envie que les coiffeurs puissent à nouveau être opérationnels ? Sans soins, la mise en plis des nénettes tournent un peu de la frisette...

Ils font deux trois prises de karaté au génie diabolique et la normale se rétablit.

Oui mais ils ont liquidé leur flouze, ces gros nazes. Ils peuvent même pas prendre un taxi écolo tracté par des purs-sangs arabes.
Le déconfinement c'est pas une période si heureuse que ça... Va falloir retourner au taf avec cette peste de Micheline et Riton-pue-de-la-gueule ou retrouver ces  blaireaux de touristes à la peau bistre.
Ils avaient pris plein de bonnes résolutions, du temps pas de l'argent, et wala, chasse le naturel, il revient au galop.  Puis ils sont pas aidés. Les gens, quand ils apprennent le temps qu'ils ont perdu (quatre jours), ils veulent le rattraper et la frénésie reprend ses droits et repart de plus belle.

Te dire ce que ça va donner après deux mois de privation...