samedi 21 mars 2020

J4 BIS - Heureux (ou pas)

Portrait, Enfant, Les Mains, Cacher
Enfant qui se fout le Corona dans l'oeil.

Je n'ai jamais vu mes enfants aussi heureux depuis lundi.

La Petite Dernière (niveau style, sa mère est Punky Brewster et son père Jane Birkin) peut enfin se déguiser à sa guise.
- Regarde, Mamounette, je suis une princesse qui fait ses devoirs !

Choupinet, le deuxième garçon qui souhaitait faire école à la maison depuis si longtemps voit ses rêves se concrétiser.
Je sais pas pourquoi mais il voulait que je sois sa maîtresse. (Allô Docteur Freud ?)

L'Ado peut réaliser de vraies fausses cartes géographiques tranquillou et me raconter ses blagues à longueur de journée. Mon fils est drôle, d'ailleurs il participe à certains de mes articles. C'est te dire s'il est drôle.

La Déserteuse dessine à Toulouse (et me laisse seule avec ces mioches atroces abominables boulimiques adorables). (J'y peux rien ma chérie, c'est de ton frère.)

Mais je n'oublie pas que nous sommes privilégiés.
Toutes mes pensées vont à ceux qui travaillent en tremblant, sont séparés de leurs proches, seuls, dorment dehors et se font verbaliser, vivent dans un environnement toxique H24, un appartement insalubre, sont désespérés pour leur petite entreprise, sont intermittents, intérimaires, malades...
Il y a tant de cas particuliers, de personnes uniques qui ne rentrent pas dans les cases des mesures prises par notre Gouvernement.
Non, tout le monde n'a pas d'ordinateur, d'imprimante, Internet.
Tout le monde ne possède pas les codes pour accompagner ses gosses, pour comprendre des décrets.
Tout le monde n'a pas des mômes classiques qui ne nécessitent pas de prise en charge spécifique.
Certains pensent à survivre avant de "se réinventer", de "co-machintrucchouetter".
Mes pensées vont vers eux. Nuit et jour. Avec une boule dans la gorge.
Mes pensées vont vers eux.
Je ne le répéterai pas. Parce que je suis pas une gonzesse bordel.

J5 - Lettre à mes enfants n°1

Catcheur, Catch, Chasse, Sports
Bad Choupinet en pleine action.

Mes enfants,

Je vous aime.
Je vous aime chacun en tant que progéniture et je vous aime chacun en tant que personne. Vous avez donné du sens à ma vie et à mon corps (ainsi que des varices, des vergetures, de la cellulite, des rides, une gravité mammaire, une quadruple balafre pubienne).

J'ai foi en l'Homme et j'ai confiance en Vous.
Un jour, Tous, vous cesserez de m'appeler pour que je vous essuie les fesses, de pousser la nourriture dans votre assiette avec vos doigts, de vous essuyer la bouche sur vos manches, de pisser sur l'abattant et de piquer mes Birkenstock moumoute dès que j'ai le dos tourné.

J'ai confiance, je vous ai vus à l'oeuvre.
Dans une journée de grâce, vous avez su réaliser ce que vous n'aviez encore jamais réussi depuis votre naissance. Vous n'avez pas hurlé dès 6 h 30, vous ne vous êtes pas tapé dessus / donné des coups de pied / tiré les cheveux / pincé le derche / fait sentir votre haleine au Cabécou, vous n'avez pas sauté du canapé à la table basse cinquante fois de suite, vous n'avez pas grogné / râlé / chouiné / chialé. 

Peut-on parler d'un miracle du confinement ?
Les miracles peuvent-ils durer toujours ? (Les miracles, pas le confinement.)

"Aïeeee !!! Mais arrêteeee !!!"

Réponse : NON.